Érysipèle
L’érysipèle (également appelé « dermohypodermite aiguë ») est une infection de la peau qui se traduit par une ou plusieurs taches rouges, enflées et douloureuses, le plus souvent sur une jambe, parfois sur le visage. Son traitement repose sur la prescription d’antibiotiques. Cette infection récidive fréquemment, en particulier chez les personnes qui présentent une prédisposition du fait d’un autre problème de santé (l’obésité, par exemple).
Qu'est-ce qu'un érysipèle ?
L’érysipèle est une infection de la peau due à une bactérie, le plus souvent un streptocoque. Cette infection apparaît sur les jambes dans 85 % des cas, et sur le visage dans 10 % des cas. En général, la bactérie s’introduit dans la peau par une plaie. Cette infection se traduit par une forte réaction de la peau. Celle-ci devient rouge, luisante, gonflée, chaude et très douloureuse. Dans 4 cas sur 5, une fièvre élevée apparaît soudainement. L’érysipèle est une maladie fréquente, le plus souvent observée chez les adultes de plus de 40 ans et chez les enfants.
Qui est à risque pour l'érysipèle ?
L’érysipèle touche essentiellement les enfants et les personnes de plus de 40 ans, avec un pic de fréquence autour de 60 ans.
Outre l’âge, les facteurs de risque de l’érysipèle sont :
l’existence d’une plaie de la peau (coupures, ulcères, plaies de jardinage, piqûre d’insecte, autres maladies de la peau, plaie chirurgicale, etc.) ; la présence de mycose entre les orteils à l’origine de plaie (« pied d’athlète ») ; des antécédents d’érysipèle (les récidives sont fréquentes) ; un œdème (gonflement) des jambes, lié à une insuffisance veineuse chronique ou d'origine lymphatique ("lymphoedème") ; le surpoids et l’obésité ; une immunodépression du fait d’une maladie ou d’un traitement.
Quels sont les symptômes de l'érysipèle ?
L’érysipèle apparaît soudainement, avec souvent une poussée de fièvre importante. La peau présente une ou plusieurs plaques rouges, chaudes, luisantes et gonflées qui sont douloureuses. Parfois, de petites bulles sont présentes, ou de petits saignements sous la peau, voire un petit ulcère. En général, une seule jambe est touchée, parfois le visage. Les ganglions lymphatiques qui drainent la zone touchée sont fréquemment gonflés et douloureux. Chez 25 % des patients, une trace rouge part de la lésion de la peau et remonte vers les ganglions.
Les symptômes au niveau de la peau peuvent apparaître en même temps que la fièvre ou quelques heures après.
Quelles sont les complications de l'érysipèle ?
Si l’érysipèle n’est pas traité, le streptocoque qui en est la cause va se multiplier et se propager plus profondément sous la peau, puis éventuellement dans l’ensemble du corps et provoquer une septicémie (une infection généralisée).
Parfois, un érysipèle peut provoquer l’aggravation d’une maladie préexistante jusque-là bien contrôlée : diabète, insuffisance cardiaque, par exemple. Chez les personnes prédisposées, l’érysipèle peut entraîner la formation d’un caillot dans les veines profondes. Enfin, dans 10 à 15 % des cas, un abcès peut se former sous la lésion.
Les traitements antibiotiques sont efficaces pour traiter un épisode d’érysipèle. Néanmoins, les récidives sont fréquentes, en particulier chez les sujets à risque : 12 % rechutent dans les six mois après le premier épisode, 30 % dans les trois années qui suivent.
Quelles sont les causes de l'érysipèle ?
L’érysipèle est dû à une famille de bactéries, les streptocoques dits « bêtahémolytiques ». Ce type de bactérie, parfois présent sur la peau, y pénètre à la faveur d’une plaie. Sa multiplication, même faible, produit des toxines qui déclenchent une réaction inflammatoire très forte avec des symptômes aigus.
Qu'appelle-t-on dermohypodermites aiguës nécrosantes (fasciites nécrosantes) ? Les dermohypodermites aiguës nécrosantes (également appelées « fasciites nécrosantes ») sont une infection de la peau proche de l'érysipèle, mais où l'inflammation s'accompagne d'une destruction de la peau (nécrose) parfois profonde, ce qui n'est pas le cas de l'érysipèle. Elles sont souvent dues à plusieurs types de bactéries qui se multiplient et provoquent des ulcères. Les fasciites nécrosantes doivent être prises en charge dans un service hospitalier spécialisé ou en réanimation en cas de choc septique.
Peut-on prévenir l'érysipèle ?
La prévention de l’érysipèle consiste à éviter, traiter et protéger les plaies qui pourraient servir de porte d’entrée pour les bactéries. Par exemple :
désinfecter toute plaie le plus rapidement possible ; surveiller l’intégrité de la peau entre les orteils et traiter les mycoses rapidement ; adopter les mesures de prévention des mycoses du pied (bien sécher la peau entre les orteils après la toilette, porter des chaussettes en coton, laisser aérer ses chaussures, etc.), en particulier chez les personnes qui souffrent d’insuffisance veineuse chronique ; hydrater la peau des jambes avec une lotion ou une crème après la toilette.
Chez les personnes qui ont les jambes enflées du fait d’une insuffisance veineuse chronique, le port de bas de contention réduit les gonflements et contribue à prévenir l’érysipèle.
Chez les personnes qui ont souffert de plusieurs récidives d’érysipèle, un traitement antibiotique préventif peut être proposé.
Quels sont les traitements de l'érysipèle ?
Le traitement de l’érysipèle repose sur la prescription d’antibiotiques. De plus, le traitement comporte du repos au lit, ainsi que des médicaments contre la fièvre et la douleur. Avec un traitement adapté, la fièvre disparaît en moins de 3 jours. Ensuite, la zone de peau touchée retrouve progressivement son aspect normal et redevient normale en 10 à 15 jours. Le traitement repose également sur les soins apportés à la plaie qui a servi de porte d’entrée au streptocoque. Le médecin vérifie toujours que la vaccination antitétanique du patient est à jour.
La nécessité d’une prise en charge en milieu hospitalier est rare, elle n’a lieu qu’en cas de complications. Jamais d'anti-inflammatoire en cas d’érysipèle
Attention, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, comme l’ibuprofène par exemple) et les corticoïdes, suspectés de favoriser l'évolution vers des formes graves (fasciites nécrosantes), sont formellement contre-indiqués en cas d’érysipèle. Les antibiotiques prescrits contre l'érysipèle
Les bêtalactamines (famille de la pénicilline), actives sur le streptocoque, constituent le traitement habituel de l’érysipèle : pénicilline G (benzylpénicilline) et amoxicilline. Le plus souvent, ce traitement est pris par voie orale. Dans certains cas, une administration par perfusion intraveineuse peut être nécessaire. En cas d’allergie connue aux antibiotiques de la famille des pénicillines, d’autres antibiotiques peuvent être prescrits : pristinamycine, macrolides ou lincosamides.
Le traitement antibiotique dure généralement 7 jours et doit être pris jusqu’au bout, même si les symptômes ont disparu. En cas de récidives multiples, un traitement antibiotique de longue durée (de quatre à dix-huit mois) peut être nécessaire pour les prévenir. Les autres médicaments parfois prescrits lors d'érysipèle
Chez les personnes qui ont un risque thromboembolique élevé (formation de caillots de sang dans les veines profondes), le médecin peut décider de prescrire des médicaments anticoagulants (« fluidifiants du sang ») pour prévenir cette complication de l’érysipèle.
Il peut également prescrire des traitements contre le lymphœdème (gonflement entre la lésion et les ganglions lymphatiques voisins), ou contre l’insuffisance veineuse (bas de contention).